QUI A PEUR DE..VIRGINIA WOOLF (PARDON ) /.DONALD TRUMP ?
Aux Etats-Unis, il devient impossible d'aborder un sujet sans qu'il ne soit contamine par l'ere du temps Trump. Qu'une personnalite aussi totalement depourvue de qualites soit parvenue a s'approprier le discours laisse perplexe. Il faut neanmoins se rendre a l'evidence que la "bete" est gagnante, malgre ses ecarts de langage et de comportement. Au demeurant, le president est aide en cela par les medias qui s'abreuvent a l 'accumulation de ses "delits de fuite" permanents.
On est en droit de s'interroger si les commentateurs ne sont pas coupables de complicite existentielle. Le moindre tweet fait desormais l'objet d'une analyse digne de Lacan ou de Foucault. Ce matraquage continu marginalise les oppositions. Elles apparaissent frileuses, trop conventionnelles, parce qu'elles hesitent a suivre Trump sur une terre brulee qu'il controle avec un cynisme "betonne"( apres tout il etait dans le batiment ). Les quelques uns, comme Alexandria Ocasio-Cortez, qui s'aventurent dans une contre-attaque plus batailleuse sont immediatement consideres comme "derangeants".
Les Etats-Unis ont besoin d'une mobilisation des intelligences. Bien que la presse, et en premier lieu le New York Times, joue un role important, mais aussi ambigu, dans l'opposition, elle n'a pas la masse critique pour faire echec a la strategie du chaos. Il reste difficile d'affronter le minotaure dans le labyrinthe, sur son terrain. Les allies a l'interieur sont a bout de rouleau, meme dans le present shutdown qui devrait pourtant leur etre favorable. A l'exterieur le camps allie occidental est en morceaux. Le drame est surtout existentiel. Les aspects mesquins du Brexit, l'etrange querelle de menage franco-italienne, ou l'effritement politique qui va de la Vistule a la Mer Noire creent un malaise morbide . Dans ce decor, genre Patrice Cherault, le monstre sans qualites trouve son Lebensraum.
Faut-il souhaiter une reaction du type Mai 68 aux USA et ailleurs ? On peut rever, mais aujourd'hui l'heure n'est plus a la philosophie de café. Le cynisme a fait table rase des Gore Vidal, Susan Sontag ou Christopher Hitchens Outre-Atlantique. En Europe, Sartre et Mendes-France se retrouvent au Pere Lachaise. On lit Houellebecq parce qu'il est (malheureusement peut etre) "plus" en symbiose avec les dereglements caracteriels. Trump n'a rien lu mais il comprend ce qui "marche". Ce MacLuhan bon marche n'a jamais ete vu, present, a une manifestation culturelle. Il ne s'est jamais refere a un precedent existentiel. Il radicalise l'elementaire, c'est tout.
Est-il incontournable ? Les ecarts deontologiques s'accumulent et risquent d'atteindre un seuil critique. La mafia qui l'entoure est franchement infrequentable. Pourtant il tient le cap parce qu'il s'adresse indifferement a des frustrations pour lesquelles il prescrit un placebo / elixir d'amour ou de vitriol. Il laisse a d'autres les violons longs de l'opposition. Lui, il prefere etonner, detourner, destabiliser, plutot que d'assumer.
Bientot on le reverra de avec le favori Nord Coreen du moment, avant qu'il ne retrouve Poutine (a la Maison Blanche?) et qu'il ne fragilise encore davatage un Otan "aux urgences". D'aucuns pensent que le rapport Mueller sur la filiere russe sera determinant pour la survie politique du president. C'est sous-estimer la determination de l'homme. Il provoquera une crise pour distraire, un conflit pour embrouiler.
En Europe le president francais et le chancellier allemand viennent de demontrer qu'il y a une alternative au populisme. Il est rassurant de voir qu'a travers les anciens vitraux carolingiens abimes par les siecles, la lumiere parvient malgre tout a rallumer l'humanisme et l'ambition de l'Europe de Montaigne et de Kant. Aix-la-Chapelle a ete pendant l'espace d'un Sommet franco-allemand la reference dans un monde qui a perdu sa boussole ( merci Mathias Enard).
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