Thursday, February 19, 2015

MICHEL HOUELLEBECQ : SOUMISSION


    J'avoue être un inconditionnel de Michel Houellebecq.

    Son dernier livre est a la fois extraordinaire, mais aussi curieusement réticent.

    Ce "coup d’état de velours" qui constitue la trame du roman reste étrangement hexagonal. Or, si pareil bouleversement devait se produire il ne manquerait pas de provoquer des réactions de par le monde et ne serait point "subi", sans autre forme de procès.
    Arrivée au pouvoir en France  par des voies démocratiques, la mouvance Islamiste crée des mutations socio économiques et de nouveaux équilibres stratégiques qui sont  apparemment avalises tant a l’intérieur qu'a l’extérieur. Cela n'est pas vraisemblable. Les remous collatéraux - fusillades, aires de parking désertés, événements menaçants - suggérés  en mineur, restent comme des sous-titres.
    La centralité de Dieu et le refus du hasard, désormais "codifies"balisent le nouveau régime. Le suicide Européen est présenté comme un fait accompli , l'ancienne Union Européenne basculant vers les pays du Sud-Méditerranée,sans autre forme de procès.
    La personnalité "suggérée" du président Ben Abbes est ambiguë, presque séduisante. Ce réunificateur proclame son respect pour les trois religions du Livre. La classe politique de l'ancien régime est somme toute banale, voir même stupide.
    Ben Abbes croit encore que l’adhésion aux valeurs occidentales a abouti a la déchéance de la Chine et de l' Inde, qui n'ont d'autre recours que l’adhésion a l'Islam monothéiste.

    L'auteur observe, en passant, que la prise de pouvoir des Islamistes en Belgique  a abouti a atténuer les divisions entre Flamands et Wallons qui se retrouvent  autour du même principe Islamiste partage.

    L’étranger de Camus implosait de l’intérieur. Le narrateur de Houellebecq se rend a un "inévitable", venu du dehors.

    Le nouveau pouvoir est oblique ou pervers. Il sait aussi être pragmatique. Les anciens politiques, devenus collaborateurs portant la marque de Cain , sont résignes . Les convertis se rendent au hammam/baptistaire pour se purifier et prononcer le "passe partout" phonétique qui est la passerelle qui conduit a la nouvelle identité.
    Ces stations balnéaires et thermales théocentriques  et politiquement correctes (pas de mixité) sont étrangement apaisantes. De Fellini dans 8 1/2 a Mahomet que de distance parcourue !   
    Mélancolique projection,  ce livre est déjà en de ça du cataclysme réel  que le terrorisme Jihadiste multiplie dans un Caliphat de cauchemar et chez" l’infidèle". La fiction "light" a pris du retard par rapport a la réalité "hard".
    Grand roman !

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