Wednesday, March 27, 2013

THE EU RUBIK'S CUBE

The nights in Brussels are long. The catfights between member states are worrisome. The Cyprus crisis ended by way of a faulty bailout package which is humiliating for Cyprus, objectionable in principle, and ultimately unfair for the middle income depositors. Cyprus is paying a huge price for allowing itself to become an off-shore murky financial safe haven (for mostly Russian interests). Besides, the almost moral shortcomings of an agreement which penalizes the average depositor for the sins of the big ones (who will suffer a big loss)laid bare underlying political fault-lines. Old antagonisms(Mittel-Europa) reappear. They are vicious because they are no longer contained within the Eurozone and set in motion peripheral actors, Turkey and Russia. The so-called German way is resented by some, swallowed by most. Serious problems are aggravated by almost personalized tensions which end up marginalizing the positive and highlighting the negative. One should bare in mind that the plusses still outweigh the minuses. Hardcore economies continue to underpin the credibility of the Euro but further squabbles might weaken this structural strength at a time when the US economy shows a steady, slow improvement. The dollar outshines the Euro while the bears seem to have left their Wall Street hangouts. The bulls are not back yet but they are pushing. The EU is an imperfect model in need of recalibration. It should also do some homework on the more psychological fringes. In the US, the Fed chairman maintains an almost daily routine of financial therapy geared to accommodate the mood in the land. It looked as if the ECB chairman would be following a similar path but lately it has been all politics and little long term vision or reassurance. In situations like this psychological factors play a major role. The public is no longer entertained by the ways of the Brussels bureaucracy and political backroom deals. The EU has to come forward with a Grand Plan, as Jacques Delors did in the past. If the smoke coming out of the EU chapel remains black for too long, the future will not brighten up. This could have very far reaching consequences I rather prefer not considering.

Sunday, March 24, 2013

The BOND NOUVEAU: SKYFALL

I had not seen the latest BOND. Since Jet Blue offers nothing but chips and viewing (on condition that the monitor works)I ended up watching the latest Bond movie. Reluctant at first I became spellbound. We are all familiar with the usual casino/femme-fatale/villain trilogy. They were all there, as could have been expected. What is different is the mood, the political pendulum. In the older Bond movies the irony, the booze, the women, the adversary were more cartoonlike. Now the mood has shifted, the nonchalance disappeared, the familiar world of a little cheating,a little boozing and a little hurting has made suddenly room for something more ominous and perverse. Bond is no longer cynically funny. He has become a hunted, haunted being, more in awe and love with his aging female boss than with the sexy girl next door. The glamour is no longer a thing of the West but a thing lost and delocalized elsewhere. The "pivot" is slowly becoming more than political, and takes on the disguise of a competing sophistication and culture. The death of the head of M16--a great performance by Dame Judith Dench, who overtakes the movie--is writing on the wall. The West makes room for the rest. Strange how the prototype of entertainment can catch a mood. Gone are the good old days when an occasional death or mishap made one an accomplice. In this funeral, the spectator is left to his own devices, and so is Bond. He risks joining the forgotten tribe of Superman, Batman, Spiderman and Co. with a major difference. We will miss the gentleman who symbolized for 50 years the rise of the West. I wonder how long Daniel Craig can go on. I am also sure that Bond will have no heirs. He is ours only.

Monday, March 18, 2013

BRIC À BRAC en franglais du au JETLAG

Le déclic d’un livre est souvent déconcertant. Il l’est d’autant plus lors ce qu’ qu’il entend être neutre sans véritable lien de cause a effet. L’écriture troque l’encre pour l’absinthe. C’est en lisant le dernier roman de Martin Amis “Lionel Asbo”, que l’idée m’est venue de réagir. Sans doute j’ai été la victime d’un jetlag qui ne m’a pas quitté. Ces aéroports glauques, ces contrôles impolis m’ont affecté et ce roman est mal tombé. Il eut mieux valu relire Agatha Christie. Amis est un grand écrivain certes mais son dernier avatar m’a tellement énervé (Au secours, Sigmund) qu’il a fallu que je prenne une sorte de revanche, en mineur, n’ayant évidemment pas son talent, qui est grand. Amis, comme son père, est un auteur intelligent et talentueux. En dédicaçant cet exercice pseudo Joycien à Christopher Hitchens, il me sembla qu’il avait trahi une amitié (que je devine sincère) et le respect du a une intelligence hors pair. Pour moi, Hitchens appartient au Panthéon de la pensée contemporaine, disséquant les grands sans merci, pourfendant les idées fausses sans relâche, méritant mieux qu’un livre que dans un premier temps je destina trop impulsivement aux poubelles. Je me rends compte que ce genre de réaction, immature, peut prêter à des conclusions erronées. Le personnage créé par Amis est un marginal. D’aucuns conclueront que mon énervement est lié à un phénomène de classe et par conséquent a une sorte de snobisme. Or dans la littérature les mauvais, les marginaux, sont souvent plus intéressants que l’autre camp. De toute façon la généralisation est suspecte. La question etait que je me suis interrogé sur la raison de Amis pour mettre en scène un personnage comme Asbo, héros égaré dans une anecdote aussi mince. Il me donna l’impression d’imploser des les premières pages, éclaboussant la mémoire de celui auqel l'avalanche littéraire était dédiée. Amis a servi un plat techniquement intéressant sans doute, mais ces épaves sans intérêt qui se promènent péniblement de page en page ne me semblaient pas mériter d’être incluses dans l’hommage posthume a Hitchens, qui mérite meilleure compagnie. Bref, ce roman, que je trouvais souvent insupportable est a l’origine de cette modeste œuvrette, décousue et sans doute, trop sentimentale dans son intention, pour pouvoir se démarquer de l’"overreaction" pédestre qui l’a engendrée. Déjà, j’ai raté mon "Longtemps, je me suis couché de bonne heure ". Il est pourtant de notoriété reconnue qu’il est plus facile de commencer les hostilités que de les terminer. Enfin, toute vie a plusieurs points de départ selon la perspective dans laquelle on se situe. Faites vos jeux ! Seul l’aboutissement est identique, si l’on ne prend pas en considération les vicissitudes qui peuvent donner à la fin un air stoïque, indifférent ou misérable. Il s’agit en conséquence de faire le tri entre plusieurs points de départ qui par la suite donnent à l’existence et à son aboutissement leurs particularités singulières. Ainsi le dernier Pape aura plus frappé l’imagination par son choix de départ qu’a son arrivée. Né en amont de la seconde guerre mondiale, en plein "drôle de guerre", je ne m’étonne pas d’avoir vécu une "drôle de vie ". L’aval a corroboré ce parcours plus sinueux que linéaire. Non qu’il fut exceptionnel, loin de là. Il ressemble à ces parcours balisés qui offrent trop de place pour les points d’exclamation. Le promeneur n’a d’autre ressource que ses fantasmes ,sa DNA, tout comme un metteur en scène doit se débrouiller avec ce qu’il parvient a transfigurer. La paucité est souvent l’étincelle du génie. Le minimalisme n’était pas un choix mais l’aboutissement d’une précarité - piège. L’on gagne du terrain sur les idées reçues et l’on termine légitimisé mais existentiellement délocalisé par rapport au point de départ. Picasso est un exemple d’un parcours qui est quasi nucléaire. Le Sacre du Printemps originel, sacrilège baroque s’il en est, a conduit ensuite au dépouillement et a nous faire rencontrer le Faune solitaire, et, en fin de parcours la grande Pina Bausch, essentielle, résumant la Saga d’un siècle en s’en débarrassant. Le "tape a l’âme" finit toujours par l’emporter sur le "tape a l’œil" mais on doit paradoxalement aux Wilde, Pabst, Diaghilev. Cocteau, Duchamp, d’avoir forcé le chemin qui conduit a la clairière du contemporain. Sans doute cette terrible deuxième guerre mondiale (Quelle guerre ne l’est pas ?) , abattoir dément, mécanisé, a-t-elle fini par se confondre avec le Walhalla infernal. Les enfants savent tout. Ils voient tout. Ils analysent après-coup mais ils ont un sens intuitif immédiat de ce qui se passe autour d’eux , comme dans une toile de John Singer Sargent. Pendant cette guerre on essaya de me protéger des bombes comme des petits et grands drames familiaux. Ce trompe l’œil créa une non-réalité , mais l’observation volée est plus tenace que la "nuit américaine" présentée. La fin des hostilités créa, pour autant que je m’en souvienne, une veule euphorie qui fit long feu au milieu de problèmes de ravitaillement, de répression et de guerre civile larvée. Mes parents vouaient un culte à Churchill mais étaient en même temps Léopoldistes. Or je suis de ceux qui considèrent que ce Roi "gommé" a été un collaborateur de fait et qu’il a outrepassé a ses obligations constitutionnelles. On sait ce qui est arrivé a son retour d’exil doré, qui n’avait pas réussi à amender un caractère têtu et hautain. La rue et les politiques qui s’étaient sentis méprisés se sont vengé. Le drame Shakespearien a abouti à une abdication mal gérée. L’histoire allait se répéter lors de l’indépendance du Congo Belge, honteusement déraillée a cause d’un “management “ dépassé par les événements. La Belgique n’a pas le tempérament qui convient pour pouvoir gérer les crises. Contrairement à d’autres pays colonisateurs, elle poursuivit une politique d’école gardienne, abandonnant la partie dès que surgit le moindre problème et abandonnant un pays sans élites ou institutions, qui sombrait fatalement immédiatement dans le néant, faute de direction. Le provincialisme belge s’est toujours opposé à toute perspective à long terme, voir même a un minimum de hauteur, considérée comme suspecte. A l’époque on se couvrait les yeux. La colonie était gérée par un triumvirat intérêt/ église/état. Les "bonnes intentions" et les intérêts pesaient plus lourd que les considérations a long terme . Le "comportement" Belge avait a l’époque une dominante "petite marchande" qui continue à nous démarquer de pays comme les Pays Bas ou la Suède par exemple, considérés justement comme sérieux. David Van Reybrouck a fait une autopsie magistrale de ce fiasco et de ce déficit cérébral et moral qui aboutit à une historicité factice. L’histoire Belge, naïve, fasciste, comme le Lion des Flandres ou fabriquée par Pirenne, est une farce. J’étais mis entre les mains (tout a fait) correctes des jésuites, à qui je reste reconnaissant de m’avoir tant apporté. Il est vrai que mon éducation a embrassé des auteurs , surtout français, oubliés depuis. Qui lit encore François Mauriac, Hervé Bazin, ou André Malraux (considéré aujourd’hui comme farceur)? Stendhal, Maupassant ou Flaubert, ont survécu, tandis que la majorité des auteurs français d’entre deux guerres figurent parmi les objets perdus, non réclamés. Les auteurs anglais de la même époque ont réussi à rester pertinents. Au collège il y avait plus de Racine que de Shakespeare hélas. Heureusement côté musique ou philosophie les choix étaient plus pertinents. En fin de compte ce bouillon de culture dépassé certes était en fin de compte assez remarquable. Il a été déterminant dans la (dé) formation de la génération des années cinquante. Aujourd’hui cela vieillit mal, contrairement a un certain cinéma par exemple qui a su créer une mythologie qui continue à séduire et à interpeller. Les films de Jean Renoir ou de René Clair restent des chefs d’œuvre (comme tout le néo réalisme italien), tandis que l’œuvre d’Ingmar Bergman a pris des rides. Bon, mes années de grec, de latin et de logarithmes ( !) m’ont marqué. Les enseignants comptaient dans leurs rangs des personnalités-vedettes qui étaient supposées découvrir les futures têtes pensantes de demain. Il se créa ainsi une sorte de maçonnerie sous-jacente , sous-jésuite dont est sortie une classe politique “historique” qui n’existe plus depuis les reformes de l’état et de l’enseignement, qui ont délibérément privilégie l’esprit de clocher aux dépends de la longue vue. Aujourd’hui la technologie a pris le dessus sur les devoirs, thèmes, exercices de mémoire, rendus obsolètes après que Steve Jobs ou Bill Gates aient pris le pouvoir. Pourtant je garde une certaine nostalgie, repensant à ces heures passées en compagnie de Xénophon, Ovide, ou Jules Caesar. Ce dernier avait la quote bien entendu avec sa célèbre phrase "Omnium fortissimi sunt Belgae" (on revient de loin) dans son "De bello Gallico". En y réfléchissant l’on pourrait se risquer a faire des parallèles entre les théories de Jules Caesar et le COIN (counterinsurgency doctrine) du général David Petraeus, qui a révolutionné West Point. La disgrâce du général était presque prémonitoire des sentiments désabusés qui prédominent maintenant toute discussion relative à la pertinence du COIN. La théorie était aussi, reconnaissons-le, un mélange de nécessité, de vocabulaire pour initiés et d’engouement. Devant le désastre des interventions américaines en Iraq et en Afghanistan, le style plutôt vantard et démagogique de Petraeus servait d’antidote. Il s’avère que les enseignements de Caesar , Sun Tzu , Machiavel et Clausewitz risquent d’avoir la vie plus longue que le "marketing" politico- militaire du général américain , qui se voyait déjà "présidentiel",comme Eisenhower. Il est piquant de remarquer que ce dernier fut le premier a osér s’attaquer ouvertement au "complexe militaro-industriel" américain, pouvoir dans le Pouvoir, véritable pouponnière des néoconservateurs. Je m’excuse, nous nous sommes égarés des années de collège mais je pense que ces sorties spontanées qui remettent en question l’unité de temps, de lieu et d’action peuvent apporter un supplément de vie et aérer quelque peu un passé imparfait et un roman pseudo-rocambolesque. Mon adolescence était marquée par des incursions dans le monde des arts, fort encouragées par mes parents qui m’accompagnaient à l’Opéra, aux concerts ou dans les musées. Cela avait un coté provincial, ennuyeux, mais néanmoins cette semence à germé depuis. Que de chemin parcouru entre ces mises en scène pathétiques, ces musées poussiéreux – catacombes, comparées aux productions et présentations actuelles, (Merci Robert Wilson ), globalisées grâce aux technologies nouvelles, qui ont élargi les perspectives et facilité l’ accès a la créativité ,d’où qu’elle vienne. On ne se rend pas assez compte des ramifications de la révolution technologique qui est en train de tout envahir, tel un tsunami. La vie privée est aux abois, la science est devancée par les changements spontanés, la stratégie d’hier est remise en cause par des nécessités d’émergence immédiates. Le monde subit le chantage d’un arrêt total qui pourrait le décomposer et le déconnecter de ses besoins élémentaires en énergie, communications ou défense, suite a une "cyber-Attack" ou a un déraillement Iranien, Nord-Coreen ou…chez le voisin. Il n’y a pas que le mur de Berlin qui a disparu. La muraille de Chine est assaillie sous les coups de boutoir émanant des "twitters" de par le monde. La "soft power" va bientôt égaliser ou détrôner la "hard power" qui régnait jadis sans rivale. La réponse aux conflits, aux menaces terroristes résidera de plus en plus dans la part prise par la créativité novatrice qui va suivre de façon accélérée une ligne ascendante. Les armées modernes sont paradoxalement en retard sur les avances de Silicone Valley . Les nouveaux acteurs masqués qui ont plus peur de l’argumentation adverse que de l’affrontement brutal sont dangereux parce que mine de rien, ils sont infiniment adaptables. La propriété intellectuelle, la contradiction intrinsèque ne vont pas les arrêter. L’utilisation de drones pose plusieurs problèmes : invasion de l’espace d’un pays tiers (avant de le faire "at home" ), dommages collatéraux, réactions de populations qui se sentent agressées à l’intérieur de leurs frontières, absence de contrôle politique et judiciaire. Le pouvoir "imperial" efface toutes ces considérations. Il n’a pas le choix. Qui eut pu s’ s’attendre a cette métamorphose ? Obama, considéré hier encore comme le faiseur de paix, transformé en porteur de glaive ? L’administration américaine joue un jeu dangereux autant que subtil. L’alternative "inconnue" qui a pris la place de l’ennemi familier d’hier est une nébuleuse et risque de devenir a terme plus dangereuse que le mal "connu". Il suffirait d’un rien pour que Turcs, Libanais, Iraquiens et Syriens avec leurs figurants Hezbollah, Hamas et autres ersatz du même calibre ne s’engagent dans un confit régional ou les aveugles conduiront les aveugles, téléguidés par l’Iran. Devant pareil scénario, Américains, Russes, Européens et Chinois n’auraient d’autre choix que d’intervenir, sous couvert d’une coalition. Le rôle de la Turquie dans cet effondrement régional sera prépondérant. Revenons en arrière. La Belgique était euphorique avec l’ouverture de l’exposition universelle de Bruxelles en 1958. L’inauguration était sinistre, le roi ayant choisi d’être de mauvaise humeur. Un bal de cour fort spectaculaire sonnait le glas d’un ancien régime. Le pavillon du Congo (Belge), embarrassant, donna l’impression d’ignorer que l’époque de la décolonisation était déjà fort avancée. Spoutnik, lancé en 1957, régna au dessus d’un monde frappé d’apoplexie. Partout les signes annonciateurs de changements telluriques s’accumulèrent. Pie XII emportait dans sa mort le triomphalisme catholique. La fin de la monarchie Hachémite en Iraq ,après l’assassinat du roi Faysal II, annonçait des bouleversements qui allaient conduire au coup d’état de Saddam Hussein. La quatrième république en France agonisait, tandis que l’Angleterre était déjà mûre pour la percée des réformes structurelles de Madame Thatcher. Les Non -Alignes étaient encore bruyants avant de devenir les économies émergentes d’aujourd’hui.. Le Shah préféra ignorer le coup d’alarme de Mossadegh en 1953, renversé avec l’aide de la CIA et de M16, avec les conséquences ultérieures que l’on sait. On ne rejoue pas Versailles à Persépolis devant des foules de marginalisés, barbues, voilées et de Mullahs. Les Français (They Were never in the game), les Britanniques (The game was up) et les Israéliens (What is done Is done) restaient traumatisés après l’échec de leur opération tripartite a Suez ou ils avaient été lâches par les Américains ! En résumé le monde était déstabilisé mais il préféra l’ignorer, comme ces grands malades qui considèrent une légère amélioration comme une indication que tout finira par s’arranger. Or l’on s’arrête toujours avant de gravir les marches qui conduisent à l’échafaud. Marie Antoinette se serait même excusée auprès de son bourreau..

 J’entrai à l’université de Gand, facultés de philosophie et lettres et droit. J’effectuai ensuite un premier voyage aux Etats-Unis. J’avais l’impression, la révélation même, de découvrir que, malgré tout, les rouages de la modernité pouvaient s’harmoniser. Ce fut comme un coup de foudre . Je devins “un autre”. Depuis je n’ai plus discontinué a suivre la créativité contemporaine pas à pas. Cela n’implique d’aucune façon le rejet du classique ou de l’ancien. J’aime autant Bronzino que Cy Twombly ...ce dernier doit d’ailleurs tout aux graffitis de Pompéi. L’histoire de l’art contemporqin est faite de "continuité incohérente" quoiqu’en pensent certains, victimes d’un lavage de cerveau structurel. Robert Hughes est sans doute le plus proche et le plus féroce dans ses essais et commentaires sur l’art contemporain, se refusant de recourir aux guirlandes et aux associations tirées par les cheveux, chères à Berenson ou aux habitues de Chatsworth (Il est temps qu’on en finisse avec cette bactérie Mittfordienne) Revenons à nos moutons. L’université était sinistre. Quelques professeurs étaient éblouissants mais le type fonctionnaire prédominait. J’aimais la philosophie. J’abhorrais le droit. Je cherchais une issue de sortie et la trouva a Genève ou je préparais mon examen diplomatique. Je garde un excellent souvenir de mon séjour Suisse, qui contrairement à la réputation d’ennui helvétique s’est déroulé dans des conditions idylliques. Je retrouvai plus Byron et Shelley que la mélancolie attendue de la Montagne magique de Thomas Mann. L’Institut que je fréquentais avait par ailleurs une dimension de distance que j’aimais bien. Il faut reconnaitre que l’enseignement était encore fort marqué par une vision de monde bipolaire et de guerre froide. J’eus la même impression a Columbia Université à New york où quelques rescapés du Vietnam (The best and the brightest) essayaient de légitimer une interprétation révisionniste d’un échec. Ce monde allait bientôt disparaître suite a "l’Overreach" soviétique à Budapest, Prague, Cuba, Berlin et Kabul (déjà).La Perestroika allait donner un coup de balais terminal à tout ca. Après un bref interrègne de la "pensée unique", suite a la chute du mur de Berlin et aux idées simplistes mais efficaces de Reagan on est finalement arrivé a la conclusion que le monde était devenu multipolaire, requérant un néo- équilibre entre plusieurs états et économies. Seule la Chine, gardant ses distances depuis Bandung, continue à jouer un rôle de prédateur. Elle a abandonné son idéologie, lui préférant l’exploitation économique, ignorant les bons des mauvais pour autant que les matières premières suivent inconditionnellement. Les états Asiatiques ou l’Afrique et l’Amérique Latine commencent lentement à se dégager de cette embrassade néo-colonisatrice chinoise après l’avoir fait vis-à-vis des Etats-Unis. Restent les irréductibles, genre Soudan, Laos, Venezuela, Cuba, Bolivie …mais pour combien de temps ? Chou en Lai, Tito, Nasser, Nehru, Sukarno mourants allaient emporter leur utopie dans l’au-delà, abandonnant la partie. L’âpres URSS fut un cataclysme . Le vide fut vite remplacé par une pléthore de nouveaux arrivants, maîtres-chanteurs et marchands de WMD (Weapons of Mass Destruction) au rabais. En conclusion le monde actuel (finissant) encore partiellement oligopolistique américain a besoin d’une stratégie qui devra trouver des réponses (asymétriques) pour affronter “ The rise of the rest’’ (Joseph S. Nye Jr), trafiquants d’armes, de drogue et de bébés bombes….je n’exagère pas. Les barricades du Caire, l’horreur Libyenne, le Sahara, la Syrie, les guérillas larvées dans le Sud Est Asiatique etc. obligent le monde occidental à réinventer un état d’alerte plus proactif, technologiquement en alerte continue – cyber, hacking- plus adapté aux avances que les ennemis sans face et sans frontières s’approprient déjà. La Libye, le Mali, le Caucase sont devenus les supermarchés des armes de tout genre. Le monopole russo-américain appartient désormais aux "beaux jours" de la guerre froide. James Bond doit se recycler et John le Carre fait vieux monsieur dans un univers ou les règles du jeu d’antan sont remplacées par le "non orthodoxe" mais aussi, malheureusement, par une vague de désordres psychologiques réels déroutants. L’Occidental ne parvient pas à s’adapter à ce nouveau gène qui se complaît dans le chaos. Il ne s’agit plus d’affronter des non- entités mais de s’attaquer a des pans de territoire a l’intérieur de pays qui n’exercent plus de contrôle sur ceux-ci. Le syndrome Somalien avance et se rapproche. Le néo-combat auquel nous sommes confrontes est un mélange toxique de "bal masqué armé", d’intimidation psychologique, de torture, d’épuration ethnique et religieuse, avec 72 vierges comme grand prix. Ce n’était pas (encore) ce que l’on nous enseigna a l’université. Les cours sur les tribunaux internationaux de Nürnberg et de Tokyo faisaient déjà démodés. Les impasses de Rawalpindi et de Sana ne faisaient pas encore partie du discours collectif avant de devenir les pièges contemporains. Nous avons été trop lents à nous adapter à la nouvelle loi de la jungle. Rule Britannica continua à se défendre de la réalité derrière ses uniformes et casques emplumés et un cérémonial qui épatait sans tromper ceux qui voulaient bien regarder la réalité en face. L’indépendance de l’Inde fut à cet égard une catastrophe difficilement imaginable, pire que ce qui s’est passe au Congo Belge qui avait au moins l’excuse de ne pas "exister". La couronne impériale créée par Disraeli, les Durbar ne réussirent plus a compenser ce que John Darwin a appellé "an unfinished Empire". Harold Mac Millan parlait des" Winds of change". Au moins il était clairvoyant. Mountbatten denier vice Roi était trop vaniteux pour lire la Météo du moment. L’incommensurable horreur concentrationnaire qui s’ouvrait devant nos yeux âpres la libération semblait à l’époque annonciatrice de la fin d’une civilisation. Hiroshima et Nagasaki nous faisaient enter dans l’enfer nucléaire, déclenché par nous ! Les bavards apocalyptiques, type Ayatollahs et Nord Coréens, se complaisent à composer les notes de ce qui pourrait bien devenir un Requiem. Le sous – continent Indien a le choix entre deux options : économie émergente ou conflit nucleaire . La mer de Chine cote est comme cote sud peut devenir le théâtre d’ un accident aux conséquents désastreuses, par suite de la présence de frères ennemis qui patrouillent agressivement mer et ciel. Notre faiblesse relative réside dans notre familiarité trop anémique de l’autre (Napoléon Bonaparte était bien préparé en Egypte... Nelson l’était moins, mais il s’est avèra meilleur stratège). A Khartoum je pensais bien sur a Gordon et au Mahdi que d’aucuns considéraient comme le mythique douzième Mahdi. Le "Chinese Gordon" au Soudan périt à la fois victime de la malchance et des machinations de Gladstone. Omdurman est un lieu misérable qui n’a rien en commun avec les sites historiques de l’histoire, lieu indigne pour l’assassinat du vainqueur des Taiping. Il a fallu plusieurs années avant que Gordon ne soit vengé par le massacre de 20.000 Arabes par Kitchener qui détruisit l’ "heritage" du Mahdi dans l’hécatombe finale de Omdurman, lieu pourri ou même les Nils blanc et bleu semblent avoir abandonné toute prétention pharaonique . Tout cela nous emmène loin de notre point de départ. J’y ai déjà fait allusion, je préfère la libre association a la structure obligée. Il manque fréquemment de la spontanéité dans l’écriture qui tend à devenir cartographie. C’est sans doute la raison qui est à l’ origine du renouveau de la nouvelle, de l’écrit pris sur le vif. On traîne derrière soi des chefs d’œuvre (souvent russes) qui vous laissent épuisé après Vous avoir séduit. Aujourd’hui la notion du temps a changé come une espèce rare, en voie de disparition. De nos jours, le picaresque s’avère plus coriace que l’épique. A chaque fois que je voyage je mesure combien la notion du temps est relative. Une heure à Los Angeles n’a plus rien en commun avec une heure passée au Caire ou à Bruxelles. Ce vécu différentiel temporel est à l’ origine de plusieurs malentendus, de conflits et de tensions. Il crée des mauvais calculs socio-culturels difficilement maîtrisés. Il est devenu impossible de revenir sur des moments de l’histoire qui paraissent impensables de nos jours... la dépêche d’Ems, la rencontre de Plombières, la conversation entre Napoléon III et Bismarck après Sedan, parce que désormais le temps manque. C’est aussi simple que ca. Le monde épistolaire est également tombé victime d’un mode de transmission qui privilégie l’abréviation, l’argot contemporain. La langue pourrit de l’intérieur par l’invasion d’un niveau vocabulaire ou l"ASAP" a détrôné l’éternel.


 Je reprends mon itinéraire. Apres l’université j’ai passe plusieurs mois en Italie. J’ai eu toutes les chances, rencontrant les survivants ringards de la Dolce Vita et ayant eu la chance de parler a Pier Paolo Pasolini et Co. Dommage de pas avoir connu Anna Magnani. Plus tard André Delvaux me fit rencontrer Vittorio Gassman et Fanny Ardent, perdus dans Benvenuta, roman raté s’il en est, à l’image du film également médiocre. Son ‘"Œuvre au noir" était franchement pathétique. L’homme était séduisant, érudit mais plus éloquent dans sa province que dans le monde. Il n’était d’ailleurs pas fait pour maîtriser les actrices.J’étais figurant dans un navet "Made in Italie". Les figurants passaient des heures à attendre leur moment de "gloire". Les 15 minutes de renommée promises par Warhol étaient réduites à cinq, et je me montre généreux. J’étais un inconditionnel de Rome, coté cour comme coté jardin. Le Circo Massimo était à l’époque encore fort "Amazone. Monte Caprino jouait à bureaux fermés. L’un et l’autre étaient les haut lieux de tous les excès .La Piazza di Spanja était plus timorée, faite pour Vivien Leigh égarée dans quelque fantasme de Tennessee Williams, à la recherche d’un Gigolo "local" . L’Italie connut des bouleversements nombreux. Le drame politique emportait les arts comme le Risorgimento avait agi sur l’Opéra.Carmelo Bene, Chia, Clémente et Cuchi entre autres révolutionnèrent un instant les arts. Togliatti et, après lui, Berlinguer adhéraient a une forme de marxisme dialectique, proche de Gramsci. L’Eglise perdait du terrain et les Brigades Rouges préparaient déjà le régicide d’Aldo Moro. Le pays allait être secoué par des tremblements qui créèrent un volcan apparemment hors contrôle. Néanmoins l’Italie réussit à se dégager de ces cendres et à reprendre haleine. Tout n’allait pas pour le mieux, loin s’en faut, mais Orphée réussit à garder le cap. Apres l’ivresse baroque intervint le service militaire en Belgique. L’expérience était moins pénible que je me l’étais imaginée. Mais quelle perte de temps ! Je n’en garde aucun souvenir, sauf qu’un haut grade m’envoyait dans un musée ou j’étais supposé mettre sur carte les tribulations de la Compagnie d’Ostende. Ce que je fis. L’armée actuelle ne compte plus que des volontaires. C’est dommage. Cette expérience permettait à toutes les classes de la société de se rencontrer. La Belgique était déjà tellement subdivisée que l’armée était l’un des deniers points de rencontre, bien que les unîtes étaient déjà séparées sur base de la langue parlée. Néanmoins on marchait ensemble. Cela n’est plus le cas. C’est fou de voir combien ce pays réussit à enterrer ce qui unit. Il serait fastidieux d’épiloguer sur le passé mais il est également triste de voir ce pays disparaissant déjà dans les statistiques de l’Economist, comme si nous ne représentions plus rien. Les Néerlandais nous écoutent à peine et nos hommes et femmes politiques semblent englués dans un climat genre Maigret pisseux. Seul le Roi a occasionnellement les accents justes mais cette fin de règne doit lui laisser un goût amer, d’autant plus que le Prince héritier ne fait pas l’unanimité. Bien qu’il ait en la personne de la Princesse Mathilde une épouse/reine hors pair, le Prince Philippe n’accroche toujours pas, malgré une bonne volonté évidente. Il devrait effectuer un stage chez ses cousins Britanniques. Il est vrai que les rapports entre Laeken et Buckingham Palace ne semblent pas chaleureux. La Belgique a mauvaise presse outre-manche depuis le décès du Roi George VI. Le Roi Baudouin réussit brièvement à accorder les violons mais depuis lors ce sont les violons tristes de l’automne qui donnent le la. Même Guy Verhofstadt n’a pas réussi à débloquer la situation quand il invita Tony Blair à Gand. Plusieurs Ambassadeurs – Lode Willems en premier lieu- ont essaye de remédier a cette situation, en vain. Le service militaire terminé il fallut que je prépare l’examen diplomatique. Je sortis premier et me retrouva occupant un poste minable. Sic transit… Dépité je partais sur un coup de tète pour Paris ,ce qui me valut une remontrance méritée du Directeur General de la Politique, grand Monsieur. D’ailleurs les personnalités ne manquaient pas, bien que la coté ancien régime puisse aujourd’hui paraître rétrospectivement dérisoire . Le personnel diplomatique actuel est plus bureaucratique. Cela est sans nul doute le fait de ce Babel Européen qui après un engouement mérité dans les années 60 est devenu une espèce de machinerie Orwelienne qui a perdu tout contact avec l’opinion publique. Maastricht est comme la Bible. Tout le monde en connaît l’existence mais personne ne l’a lue. C’est dommage car des traités antérieurs comme ceux de l’Elysée ou de Rome ont scellé la paix en Europe occidentale, après trois guerres atroces. Sous Jacques Delors ,l’Europe connut un renouveau qui a été de courte durée, malheureusement. Il est néanmoins indispensable que l’Union Européenne puisse remonter la pente. Certaines évolutions semblent indiquer qu’un renouveau reste possible mais le populisme, une immigration mal gérée, le démembrement possible de certains Etats-Membres et le non fonctionnement Ubuesque des Institutions demeurent des obstacles sérieux. La politique extérieure et de défense communes est devenue un mirage. Il faut espérer qu’un accord de libre échange puisse être effectivement négocie entre les Etats-Unis et l’Union Européenne et que renaisse une prise de conscience Atlantique. Pareil traitéer rééquilibrait le fonctionnement du monde au profit de l’Occident. Le "pivot" américain en direction de l’Asie ne serait pas remis en question pour autant. Il serait néanmoins redimensionné. Sans ce renouveau "Atlantique" nous ne serions plus qu’un archipel d’autre chose. Dans les années 60 l’atmosphère était ambiguë : La guerre d’Algérie, les événements du Congo, la mort (suspecte) de Dag Hammarskjöld, l’horrible fin de Lumumba, la menace nucléaire, inquiétaient. Déjà mai 68 et ses ambitions pseudo réformatrices (qui se souvient encore de Marcuse et consorts ? ) étaient annoncés. En marge, le terrorisme en Allemagne et en Italie attendait son moment. L’université devenait un véritable bouillon de culture ou les idées se télescopaient. Les partis "classiques" de droite et de gauche étaient dépassés par une vague intello-philosophique souvent nihiliste qui était prise en otage par des marginaux, mais aussi par une certaine intelligentsia conduite par les frères souvent ennemis Sartriens et Mendésistes. L’Odéon à Paris, Salle des Menus Plaisirs "redux", devenait tribune ou nouveaux et faux philosophes prêchaient l’avènement d’une société ou les nouvelles lumières régneraient. De Gaulle étudiait déjà les prospectus de voyage Irlandais, tandis que Pompidou préparait son coup de Jarnac. L’époque sonnait la fin d’une certaine France, qui contrairement à l’Angleterre, avait eu du mal à se débarrasser de son illusion impériale. Le Royaume- Uni plus cynique réussit encore à sortir la garde- robe, laissant le placard vide non sans avoir pourvu ses colonies de systèmes bancaires, de la "rule of Law" et d’utilités diversifiées. Les Français ont recouru à tous les stratagèmes pour éviter un Fachoda contemporain. Rien n’y fit. L’Afrique du Nord sombrait a son tour dans l’horreur, après Dien Bien Phu, et ce mélo, tout comme la zone Franc, échouèrent misérablement. De Gaulle a toujours été insupportable, énervant Churchill et Roosevelt avant de jouer la chaise vide au grand dame des Britanniques qui a l’époque voulaient être dans l’Europe (contrairement a ce qui se passe aujourd’hui ). Il fut aussi le premier à reconnaître la Chine et à se rendre au Cambodge pendant que les Etats Unis se livraient à une sale guerre dans l’ancienne Indochine. En son exil Irlandais comme plus tard a La Boiserie il était seul, situation qui lui convenait sans doute le mieux. Il était insupportable mais il payait ses notes de téléphone personnelles ! Je n’ai jamais compris comment Hitler réussit à envoûter ses interlocuteurs qui sortaient de leur entretien en transe ou proche de l’arrêt cardiaque (comme le Président Tchécoslovaque). J’imagine que les spectacles Nazi de Nuremberg pouvaient galvaniser les foules. Mais que ce médiocre, vulgaire orateur et son idéologie parvenaient à séduire, dépasse mon entendement. Le tout Londres s’écrasait encore dans les salons de Von Ribbentrop fin années 30 tandis qu’Abetz était le toast de Paris occupée. Ne mentionnons pas les naïfs de Munich conduits par le parapluie de Chamberlain ou la valse hésitation américaine qui ne déclarèrent la guerre aux signataires du Pacte d’acier qu’ après l’attaque Japonaise contre Pearl Harbour et qui prirent leur temps a décider l’opération Overlord en 1943, sous pression de Churchill et de Staline surtout, qui cherchait a diminuer la pression sur le front oriental qu’il était seul a défendre. Pendant ce temps les avions de reconnaissance allies avaient déjà recueilli les preuves que l’holocauste était devenu une réalité. Je souhaite qu’Amedinadjah et consorts soient obliges à regarder la Shoah de Claude Lanzmann...il est vrai qu’Hitler avait déjà un allié sur place en la personne du Mufti de Jérusalem qui inaugurait ainsi la tradition de dénégation qui perdure jusqu'à ce jour. Ce paragraphe n’est pas une parenthèse. Il reste une blessure qui ne se cicatrise pas et que plusieurs pays arabes, ainsi que d’autres individus, continuent à vouloir ignorer. Israël n’est pas un état comme les autres. Dès sa création à aujourd’hui il a été capable du meilleur mais aussi du moins bon. Je ne suis pas d’accord avec plusieurs aspects de sa politique. Au moins est-il un pays démocratique dans une tache d’huile théocratique et mérite-t- il notre appui, même si la critique est admise. Ce pays est quasi miraculeux, réussissant à égaler et dépasser les Emirats-mirages qui dureront le temps d’un baril. Tous ces immeubles tours, ce clinquant Napoléon III, ne sauraient cacher l’absence de démocratie, l’exploitation de travailleurs immigrés ou le sort des femmes et des minorités. Les élites sont réduites à partir pour Marbella ou elles peuvent respirer loin des Allah Akbar que la confrérie disparate des frères ennemis ont en commun. J’avoue pourtant que j’ai eu souvent les meilleurs rapports avec les Arabes rencontrés. Généreux, désordonnés, ils étaient des amis qui se métamorphosaient en Monsieur Hyde des qu’il était question d’Israël ou de religion. La tempête de sable intervint aussi tôt. Le président Morsi doit avoir des sueurs froides en imaginant sa capital,qui est restée contre vents et marées la Sodome sur Nil. Il est vrai que 72 vierges l’attendent au paradis. Dans le chaos qui a suivi le "Printemps" arabe, le sort de l’Egypte reste incertain, Or l’Egypte est essentielle. Bien qu’il y reste une tradition intellectuelle et diplomatique, le café Groppi, le Sheperd’s d’antan ou même le cinéma classique coquin ont disparu, comme feu la « Cote Basque » de Truman Capote a emporté l’auteur et ses personnages dans un auto-dafé d’une certaine société New Yorkaise. Seule l’Egypte pharaonique résiste, méprisante. Nefertiti détonnerait aujourd’hui. C’est dommage. Prés d’Edfu le Nil trace une courbe qui me ramène à un paysage de paradis et d’Eden. Ce pays est coupe en deux :Constantin Cavafy et Lawrence Durrel ont mieux compris que d’autres cette cicatrice du milieu véritable blessure séparant comme a Louxor les morts des vivants. Dans ce tourbillon le rôle de la Turquie devient essentiel. Archéologues Italiens, Français, Américains, Britanniques ont essayé d’arracher a cette terre sécrété ce qui était res prisonnier depuis trop longtemps, enseveli par les sables et ... par l’Islam. Le Baron Empain, Belge visionnaire, entendait rendre au Caire sa grandeur en l’imaginant "intronisée" par son utopie urbanistique, Héliopolis. Le Roi Fouad s’entoura de fonctionnaires belges et européens voulant parachever l’œuvre du Khédive francophile. Malheureusement le Roi Farouk n’était pas à la hauteur des ambitions de son père et allait finir son exil romain dans un plat de spaghetti. Nasser connut des moments de gloire : Suez, industrialisation, tiers mondisme, alliance avec la Syrie. Il finit par se casser les dents dans une guerre contre Israël qui lui valut la défaite, une perte de territoire et, sans doute, la vie. Sadat lui succéda, mais celà estune autre histoire. Moubarak, le mal aimé, mais le nécessaire, croupit( ?) aujourd’hui en prison. Cela nous éloigne de notre sujet. Pourtant j’estime qu’il devient de plus en plus difficile de séparer le privé du public, comme de nous protéger d’événements qui se passent a des milliers de lieux mais qui ne manquent plus de nous affecter. Google nous rend tous espions. Le changement climatique est l’affaire de tous et risque de provoquer un effet d’acqua Alta sans frontières. Le terrorisme, les drones, le hacking, entre autres, ont rendu les lignes de démarcation d’antan poreuses.


 Je ne m’étends pas sur ma carrière ni sur les personnalités qui m’ont déplu ou marqué. J’en ai égratigne quelques uns dans mon livre " Traces".Je préfère m’attarder sur l’Egypte et la Chine. Tout a été dit, mieux que je ne pourrais le faire mais la proximité reste malgré tout un bon correcteur de l’académique. Moubarak, d’abord, homme assez antipathique, avait une vision du Moyen Orient pertinente. Il avait clairement prévu ce qui pourrait se passer au cas où … mail il jouait trop au "après-moi, le deluge". Il est vrai que la mondialisation a déçu et que le monde Arabe n’est plus ce que Nasser avait imaginé. Les pays arabes ont désormais peu en commun entre eux. La société égyptienne s’est fracturée. La Lybie et la Syrie agonisent. La Jordanie tremble. La Turquie observe tandis que l’Arabie Saoudite et les Emirats essayent de se protéger contre l’inconnue Iranienne. La mondialisation, comme aboutissement, n’a vécu que le temps des roses, l’espace d’un matin, ou mieux d’une proposition de Fukuyama. Il est grand temps de revenir a la "balance of power" des années Kissinger et au "Diviser pour régner". Les Etats Unis restent "the indispensable power" mais ils ne sont plus seuls à être l’arbitre du monde. Les économies émergentes, suivent de prés. La Chine, appréciée par certains, ressentie par plusieurs, en premier lieu par ses voisins, est une grande puissance avec laquelle il vaut mieux s’engager que de l’ignorer. Les Chinois ont quand a eux une stratégie très précise. Ils sont partout. Malgré une idéologie et ses fastes ils sont en premier lieu des pragmatiques qui suivent leur intérêt économique. Ce ne sont pas des conquérants mais ils défendent bec et ongles ce qui leur est du, Taiwan, le Tibet, la South et East South China Sea ou les ilôts Senkaku contestés. La, ils ne transigent pas et sont disposés à réveiller le nationalisme latent qui existe dans la psychologie chinoise pour créer une atmosphère malsaine de tension. A contrario j’ai toujours aimé discuter avec les Chinois, même quand le sujet était délicat. Ils ont le don de l’encerclement. Engageant la conversation par des propos anodins, polis, indifférents ils allaient malgré tout, mot après mot, droit au but. Sous le couvert de termes modulés le message était cinglant. Les jeunes diplomates chinois excellent dans ce registre . La fausse modestie, une classe certaine ne parvenant pas à masquer une arrogance ironique. Je prenais plaisir à les voir approcher du but. Je ne doute pas que le plaisir était partagé. Il reste certes difficile d’aimer la Chine qui est manipulatrice et fondamentalement amorale. Guidée par le profit elle cache sa convoitise sous le couvert du non ingérence. Elle a réussi à anesthésier en grande partie le peuple en faisant miroiter une plus- value économique réelle, mais a quel prix. La crasse et la pollution règnent, la corruption est endémique et les droits de l’homme sont une illusion comique. Restent une culture, un art du "non dit" exceptionnels. L’Empire du milieu me faisait souvent penser à l’Allemagne des années 30. L’une et l’autre avaient une revanche à prendre sur des injustices réelles passées. L’une et l’autre choisirent d’épater plutôt que de séduire. L’une était agressive, l’autre moins mais tout laisse supposer que la Chine sera une puissance économique, obsédée par la préservation de ses prérogatives maritimes et territoriales, sans toutefois prendre des risques inconsidérés en dehors de sa zone d’influence immédiate comme le font les Américains.

Je m'egare? On finit par perdre la ligne droite âpres avoir parcouru tant de cultures et de tempéraments. J’ai fait l’expérience qu’on est toujours mal préparé pour affronter des pays même ceux que l’on croyait pourtant bien connaître. Il était assez normal ( ?) par exemple de se perdre dans la politique des Balkans, restés terre de personne ou Album de Tintin. En réalité j’ai fait l’expérience que nous ne nous connaissions pas et que cela nous était au demeurant parfaitement indifférent, les idées préconçues l’emportant sur les idées vécues. C’est dommage. C’est aussi impardonnable quand au fil des conférences on traçait des frontières créant des pays dont on ignorait tout, des zones d’influence dictées par le gain ou des monarchies sorties de nulle part. Le cynisme n’a pas de bornes et l’histoire abonde en pourcentages, bluffs, carnages et paix bancale. Même le crépuscule de Hitler n’était qu’un événement petit bourgeois dans un bunker minable au dessus du quel se livrait l’un des pires carnages après Stalingrad. Napoléon finit par cultiver son jardin à Longwood. Le Kaiser coupait du bois à Hoorn. Pensaient-ils jamais à l’enfer qu’ils avaient déclenche ? Plus prés de chez nous les penseurs américains néo-conservateurs ont-ils une pensée pour tous ces Américains, Irakiens, Afghâns morts pour un mensonge ou mauvais calcul ? Le scandale est la. Qu’on ne vienne pas me dire que Bin Laden emporta Al Qaeda dans sa mort. C’est risible. Al Qaeda a ceci en commun avec Allah, c’est qu’il porte 99 noms. On ne tue pas l’hydre en lui coupant ses tètes. Je l’ai dit plus haut, il faut revisiter une stratégie et remplacer la bondieuserie par une Realpolitik qui est un mélange de neglect et d’intervention.

On est loin de Lionel Asbo, robot / victime qui peut tout se permettre et qui n’entend rien s’interdire. Curieux comme les Anglais ont difficile a se sortir d’un système de classe quasi infranchissable. Or y a toujours du Henley, de l’Ascot quelque part bien que les atours des Lords cachent des varices qui agonisent dans des jarretières trop serrées. La pompe de Buckingham est extraordinaire, observée de loin. Elle dégage une odeur d’antimites vue de prés. Asbo est richissime mais son accent est sa barrière. Il couche mais ignore l’amour. Il fréquente tout mais n’est admis nulle part et ne touche vraiment à rien. Il vit les événements comme un somnambule mais peu l’émeut vraiment. Ces foules qui applaudissent la Reine dans les rues de Londres applaudissent en réalité leur infériorité systémique. Ils restent les prisonniers du Pub. Diana était la dernière star, Kate risque de devenir "l’understudy". La première nous faisait partager assez cyniquement son destin. La seconde nous fait partager un script a l'eau de rose, mais dieu sait que les écrits prétendus anodins de Grimm, Andersen ou Lewis Carroll renferment pièges et sortilèges. La Belgique souffre du syndrome de mort annoncée, et risque d’être emportée dans l’indifférence et le cynisme d’un « style » politique qui, ne mine de rien, ne pardonne pas. Les petits pays sont souvent d’autant plus cruels ne disposant pas d’un espace qui permet l’alternative intelligente. On saute dans le vide parce que l’on n’a pas de sortie de secours accessible, comme dans les Twin Toners. L’incompétence tue plus que la volonté de tuer. La grande et la petite histoire abondent en exemples. Avec des "si" Bonaparte n’aurait pas fini son mélancolique exil a Longwood. Plus proche de chez nous Léopold III, roi oublié, eut connu un autre sort s’il eut eu un autre tempérament et surtout un autre entourage. Il faut être de son temps si l’on souhaite le redresser. Certes la modernité est une étape qui sera suivie d’autres. Elle se nourrit d’un plasma passé, de Proust, de Wagner, de Bismarck mais elle est déjà hors d’haleine et les prouesses musicales, littéraires ou picturales-pour n’en citer que quelques unes- sont déjà prêtes à être a leur tour dépassées, même si elles nous émeuvent ou nous inspirent. La plus-value de la modernité réside avant tout dans son acceptation de l’éphémère. On sait de même que l’on ne refait pas Bach ou Arthur Rimbaud, non parce qu’ils sont hors de portée, mais parce que ils sont hors catégorie, inclassables. La religion, le sacré sont devenus des aberrations, parce que qu’ils prétendent a la durabilité. On peut encore apprécier, mais empruntant la désormais fameuse intonation de Hitchens l’on arrive a conclure que "god (minuscule) is not great". Qui d’entre nous accorde encore foi au Ring, a Figaro, a Fidelio ? L’histoire est généralement abracadabrante. Néanmoins l’émotion demeure et elle risque même de grandir pour cause d’absurdité et d’inaccessibilité. Plus prêt de chez nous le purgatoire de l’oubli a déjà eu raison des Camus, Sartre, des nouveaux romans et autres engouements qui apparaissent comme délocalises. Le "lifting" est une roue de secours. Il n’est pas la solution. Merci Asbo

 Je m’en vais en Italie, autre pays qui n’est pas prés d’être réinventé, sauf a Las Vegas,heureusement Je ne connais aucun pays qui ait aussi bien résisté a l’outrage de l’histoire. Serait-ce parce qu’il l’a continuellement réinventée ? L’Italien ne regarde pas –comme le fait le français- il utilise. L’histoire n’est pas vécue comme un ailleurs. Elle est ressentie comme un dedans. Cela conduit a une familiarité, proche de l’irrespect, a une complicité proche du sexe. La symbiose est parfaite. L’Opéra n’a pas besoin de Bayreuth, il vit de la proximité. Contrairement a l’inconfortable cénotaphe Wagnérien, la Scala ou le San Carlo sont des arènes ambiguës (Emotion, sexe) que le faste ne réussit heureusement pas a anesthésier. L’histoire a Rome rapproche, l’art est ambigu comme chez le Bernin ou le Caravage. Ces stigmates de Saints opportunistes dégagent davantage le plaisir que la souffrance. Saint Sébastien et David trônent sur tout cela, prenant leur pied et faisant du pied devant des touristes hagards qui ne savent pas où regarder de prés. Dans toute son histoire l’Italie s’est abreuvée au sacrilège, au culte du membre, de la mère tellurique. Pasolini, Fellini, Moravia, Elsa Morante sont des géants du genre . Il en va de même pour la mode. En France elle cache, arrondit, elle est servante. En Italie elle épouse, domine, piège comme une braguette de la Renaissance, elle est maitresse.

 Il est étrange de rencontrer un ‘’entre deux mondes’’. L’histoire , les manuels sont en retard d’un bouleversement. Quelques spécialistes en sciences politiques ont élabore des théories souvent timides et un vocabulaire anglo saxon (Rogue states, non states, globalisation,  etc.) mais ils courent âpres l’évènement plutôt que de le prévoir ou de le prévenir. Depuis le 11 septembre 2001 le monde a affronté des changements hybrides, la valeur ajoutee ou non de la soft versus hard power. On s’était habitué aux "non états" mais voila que surgit un nouveau développement. Des états dits conventionnels- tout est relatif- perdent le contrôle de grandes parties de leur territoire (J’y ai fait allusion) qui commencent à se constituer comme un état dans l’état, sans égards pour des frontières ou des démarcations. Ainsi les évènements au Mali ont vu la formation d’une ère en jachère qui englobe des parcelles d’Algérie, du Mali et de la Lybie, sur lesquelles les gouvernements légitimes n’exercent ni contrôle ni autorité. Cela risque de se reproduire ailleurs, en Afrique et en Arabie surtout (L’Europe n’est pas hors danger) créant des sanctuaires transfrontaliers ou terroristes et Islamistes de tout bord trouveront refuge. Cette évolution crée des problèmes pour la stratégie classique qui doit paradoxalement s’approprier des techniques de combat qu’elle reprouve. Ainsi les drones offrent-ils un avantage militaire tout en posant un problème moral. La Syrie est quasi un indicateur parfait d’un dilemme plus large. Que faire alors que les camps qui s’opposent sont presque a égalité dans l’opprobre qu’ils méritent ? C’est la que réside le nœud gordien du Printemps Arabe, qui de jour en jour devient plus clairement un Souk pour échange d’armes et de munitions entre adeptes, opposes il est vrai, d’une même religion qui ne portent aucun intérêt aux valeurs libérales que quelques naïfs leur attribuèrent. Le petit marchand Tunisien qui était à l’ origine du "Printemps" Arabe est déjà oublié. L’allumette n’a jamais été récupérée. En attendant on a (de moins en moins) le choix entre l’horreur passée (qui arrangeait certains intérêts occidentaux) et un futur de feu et de flammes qui n’arrangera personne. Notre Lionel Asbo est le parfait "Jedermann" d’aujourd’hui. Sa non pertinence est son chef d’œuvre. Apres tout, le roman de Martin Amis est peut être plus de ce temps que de nulle part. Pourquoi Lionel s’interrogerait-il sur ce qui n’a aucun rapport avec sa non existence ? Ses gestes de bonté incohérents sont à leur façon des gestes de saint. Je me suis trompé sur toute la ligne.

 Faut-il pour autant revenir à la case départ et à un exercice de révisionnisme ? Je ne le crois pas. The Play in the Play est un excellent stratagème qui permet à l’auteur de tirer son épingle du jeu. Cela peut être une indication de doute, d’incertitudes. De toute façon Descartes aurait aussi bien pu affirmer "Je doute donc je suis". Je ne regrette pas m’être laisse aller a des divagations qui se télescopent. Je crois que ces années se prêtent mal à des analyses rectilignes. Nos vies sont également déroutées par l’intrusion du savoir ou de l’indiscrétion. Qui osera affirmer ne pas avoir regarde la pornographie qui domine l’internet ? Qui va me dire qu’il n’ait pas pris son pied solitaire dans un site ad hoc pour se faire plaisir ad rem ? Bien entendu il y a tout le reste, le Google encyclopédique, les social networks pour tous les goûts. Ce qui est nouveau c’est que de nos jours la solitude est devenue complice de l’abrutissement. Il y a des sites pour amputés, pour pédérastes, pour obèses, pour fétichistes de tout genre...La quantité occulte la culpabilité parce qu’il ne faut plus chercher, on vous trouve. La perte et le vol d’identité appartiennent déjà à la nouvelle génération de conflits. Partout on Vous guette mais le guetteur professionnel est déjà en retard du guetteur de la seconde génération. Demain l’opération Bin Laden ressemblera à un film de Méliès. Les avances nous devancent et nous échappent. IL reste des aires de repos et des restos le long de l’autoroute du futur présent. Il faut bien aller aux toilettes et s’empiffrer de Fast Food cancérogène. Il reste que l’on aura encore Venise, Capri ou le produit ersatz made in Hollywoo mais en réalité nous nous trouvons tous passagers de ces croisières dites de plaisir qui pêtent les plombs. Il vaut mieux regarder cela la tète froide ou voir sans regarder comme Lionel Asbo. Aschenbach serait aujourd’hui prisonnier de son ordinateur dans sa chambre d’hôtel. Tadzio serait réduit a devoir jouir pour 30 dollars devant des branleurs de tout âge qui s’imaginent être seul avec leur Apollon pour 20 minutes... Les pays à haute technologie deviennent fatalement les déserts de dieu. Seuls les pauvres recourent encore aux incantations qui accompagnent le bol de riz. Ils passent aussi leur temps à s’entre-tuer dans un paroxysme Darwinien. Sociologiquement il est aussi intéressant de suivre le débat qui se déroule aux Etats Unis sur l’achat ou la possession des armes à feu (de tout genre). La campagne, les zones moins bien loties sont de véritables arsenaux, légitimisés par la National Rifle Association qui a lié dieu au second amendement (the right to bear arms), réservoir naturel de républicains, tea paries et family values. C’est absolument abérrant et surtout inquiétant. On entre de plein pied dans l’anti--culturel. Le différend politique qui oppose la droite à la gauche (termes qui méritent d’être nuancés) est sérieux parce qu’il touche à tout, que ce soit le rôle du gouvernement, l’initiative privée, la cour suprême,thèmes instables qui sont a la merci du moindre incident. Obama a été réélu sans enthousiasme mais la peur de l’inconnu l’a emporté sur toute autre considération. Les branches du pouvoir risquent d'être immobilises si un accord n’intervient pas sur l’équilibre entre recettes et dépenses ou sur la dette de la nation. Transporté aux USA notre héros serait comme à Londres, indifférent et paradoxalement a la fois limité et libre. Dans le regard des autres il n’est qu’un être incomplet autiste. Lui ne souffre pas des conséquences de ce diagnostic d’un mal qu’il ignore parce que personne ne lui a donne son ordonnance. Seul Desmond ,son neveu, parvient à tisser un lien trop tenu hélas pour que le passé ne rattrape pas le présent. En fréquentant Lionel Asbo d’aussi prêt j’ai fini par l’aimer et de découvrir que le langage codifié de l’auteur peut cacher un contrepoint infiniment complexe et, en fin de compte émouvant. Ces rafales ne ratent pas leur cible, bien que ce stand de tir en mouvement perpétuel ne facilite pas l’équilibre. My ignorance is my bliss.iss


 L’écriture est un passe-temps difficile pour qui n’a pas le talent (dont tell me !). Le roman se construit au départ d’un scenario, d’une anecdote. L’essai est plus coriace, faisant courir le risque de dérapage. Je me rends compte qu’ici je me suis fait piéger. L’objectif que j’avais m’a dépassé de plusieurs longueurs. J’entendais détruire, me prenant presque pour un critique littéraire dilettante et j’ai fini par me contredire en appréciant après coup ce que j’entendais critiquer. Je ne vais pas demander des circonstances atténuantes pour autant. Martin Amis est une machine de guerre qu’il eut fallu battre sur son propre terrain, à savoir un texte equivalent en qualité qui serait lui aussi  un champ de mines ou les trucs et les pièges abondent. Sa technique est assez diabolique, presque antilittéraire et le lecteur est obligé de consommer plusieurs genres a la fois, au détriment du récit classique. En cela l’écrivain est innovateur. Je n’attache pas de valeur intrinsèque à ce constat d’autant plus que je prendrai toujours plus de plaisir à relire le Rouge et le Noir qu’à m’épuiser dans un combat inégal avec un ange pervers. Ce livre appartient à un non-genre et est donc inclassable . Il me renvoie plus à Robert Murdoch qu’a Henry James. Pourquoi pas ? Sa construction apparemment décousue comme un tabloïd permet a l’œuvre une spontanéité assez vulgaire et finit par s’infiltrer perfidement. La preuve est donnée que la boue et la grande Hôtellerie peuvent coexister et que le rituel champagne peut être triste comme un dîner officiel. Cette œuvre est, a sa façon, une mort annoncée.