Tuesday, June 14, 2011

LE PARADOXE BELGE

LE PARADOXE BELGE
La Belgique vit avec un gouvernement, dit d’affaires courantes. En moins d’un an de non- gouvernement le pays s’est en fait divise en deux republiques , legitimees par l’existence de la la monarchie. En attendant, Bruxelles s’internationalise et compense la deroute nationale par sa propre plus-value internationale.
Le gouvernement fantome gere plutôt bien les affaires, tandis que les regions s’occupent des pistes cyclables .J’exagere car les regions font souvent un travail remarquable. La negociation en vue de la formation d’un vrai gouvernement a déjà produit un miracle. Des politiciens du nord et du sud qui ne s’etaient jamais adresse la parole dans l’hemicycle se parlent. Les partis negocient comme s’ils avaient tout le temps devant eux. Certes les propos n’atteignent pas les hauteurs de la mondialisation mais on parle « sous », municipalites, football,financements,et j’en passe.Le Roi est tenu informe et l’Entourage invente des neologismes politiques qui font rever les Academiciens du Quai Conti.
En attendant le pays ne se porte pas plus mal. La discipline budgettaire engendre quelques economies et comme l’intendance est dans le congelateur, cela permet au gouverrnement d’attacher plus d’importance aux affaires exterieures, a la crise financiere mondiale ou aux affaires europeennes (la Presidence belge de l’UE a fait un parcours remarque).Le Premier Ministre ,le Ministre des Affaires Etrangeres, le Ministre des Finances ont trouve leur voix Ce qui prouve que Sainte Helene n’a pas que des defauts.
Tout cela est déjà devenu routine mais celle-ci court le risque d’etre condamnee a terme. D’abord Il n’y a pas de precedent historique au cas belge Le demantelement de la Yougoslavie,le divorce Slovaquie/Tchequie, les problemes de devolution en Catalogne ou en Ecosse ne peuvent servir d’exemple. En Belgique, Bruxelles, pont des soupirs mais surtout atout, commence a echapper au contrôle Belgo-belge ,accelerant son internationalisation. Vouloir greffer sur Bruxelles,mal-aimee et defiguree, des considerations de sous-prefecture la prive de sa raison d’etre. Or celle-ci depasse carcans et frontieres. Les negociateurs sont souvent des personnalites qui semblent impermeables au discours international et indifferents par rapport a l’image qu’ils projettent. Leurs gestes trahissent un complexe d’inferiorite qui alimente a son tour un complexe de superiorite –tout aussi pervers- chez les observateurs qui preferent les commentaires acerbes de la presse internationale aux necrologies locales. En realite on se trouve quelque part dans une situation de lutte des classes new look. Le regional et l’international finissent par mobiliser chacun pour soi une frange de populisme d’une part et un reflexe de distanciation intello d’autre part. La dispute devient meme vestimentaire. Cote debraille oppose au cote cravate. C’est desolant car les imbeciles abondent et se trouvent partout.La cravate ne fait pas l’homme.
Comment sortir de l’impasse ? Ce qui fait defaut c’est justement la volonte partagee de tourner la page et de se mettre d’accord atour d’un projet , qui de toute facon, fera mal partout, et ne sera pas forcement cartesien. L’on pourrait considerer d’ elargir les competences des regions et decider la formation d’un mini gouvernement central charge des affaires etrangeres, finances, defense, justice et quelques portefeuilles porteurs d’avenir. Le premier Ministre pourrait etre designe d’apres une formule de rotation, avec un mandat d’un an. La Fonction de la monarchie deviendrait prioritairement representative . Je constate qu’a travers toute cette crise seule la personne du Roi est sortie aggrandie dans ce spectacle souvent burlesque et franchement indigne. Comme il faudra une nouvelle fois lacher du lest du cote du droit du sol il faut privilegier le collectif. La rotation favorise cela, par le passage du temoin au suivant. Cela « mouillera » les partis et peut favoriser davantage de coherence et de continuite.
La Belgique est une creation. Devenons creatifs ! Il ne sert a rien de vouloir camper sur des positions intenables. Il faut au contraire affronter les saboteurs de tout arrangement raisonnable sur le terrain de leurs propres faiblesses et de leur alienation dans la globalisation. L’anachronique resiste mal a la modernite. Il faut l’isoler comme un virus et l’attaquer ou il ne s’y attend pas, le rendant sans rapport avec la matiere sous diccussion. Ce n’est pas la regionalisation ,au demeurant mouvement de progres,qui est en jeu ici. Ce qui jette le doute sur ce qui se passe dans les coulisses de la formation ce sont des comportements cavaliers et une tactique de la lenteur malintentionnee . Les innovateurs doivent confronter des « filibusters » continus, de part et d’autre d’ailleurs. Ils pourraient etre tentes de jeter l’eponge.
Si,dans ces conditions, l’on veut l’eclatement du pays, qu’on se le dise et que l’on fasse le menage des pots casses. J’entrevois des jours heureux.

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